HISTOIRESDESPOTTING
Sur le blog de Spotting Web, découvrez les petites histoires qui se cachent derrière les photos. Coups de chance, moments insolites ou même dangereux, je vous raconte les anecdotes qui ont eu lieu lors de la prise de certaines de mes photos.
LE RÉVEIL AU DEUX TONS À 6H DU MATIN
J'ai pris cette série de photos d'un convoi de fonds de la Banque de France au saut du lit. C'était un mercredi matin vers 6h, j'étais profondément endormi lorsqu'un coup de deux tons donné dans la rue, me réveille brutalement. J'ouvre un oeil en me disant qu'il était inutile de me lever pour si peu, s'agissant surement d'une banale Clio. Puis un deuxième coup retenti, suivi d'une voix s'exprimant dans le public adress (le système de haut-parleur intégré dans la rampe permettant à l'équipage du véhicule de s'adresser aux autres usagers). Mon sang n'a fait qu'un tour : les seuls à utiliser systématiquement le public adress sont les gendarmes mobiles escortant un convoi de transfert de fonds. Je me lève d'un bond, attrapant au passage mon appareil photos, j'ouvre la fenêtre et je vois arriver au bout de la rue, lentement mais sûrement, l'imposant convoi composé de Peugeot 807 et de camions Scania.
Je n'en croyais pas mes yeux, moi qui avait si souvent rêvé de photographier ces convois rares et très protégés, aveuglé par le bleu des gyrophares et encore à moitié endormi. Je me suis rendu compte par la suite que j'habitais tout près de la Banque de France, et ces convois sont pratiquement devenus banals au fil des années.
LE TOUR DE FRANCE SOUS UN ABRI-BUS
C'était en 2015. J'avais écourté mes vacances dans le sud de la France pour revenir à Paris spécialement pour l'arrivée du Tour de France sur les Champs-Elysées et pouvoir spotter ses véhicules uniques dans un lieu qui l'est tout autant. J'anticipe, j'arrive tôt dans la matinée pour avoir le temps d'arpenter les Champs et ses environs afin de photographier les véhicules de préparation et de sécurité, puis de trouver une bonne place pour photographier les véhicules de la caravane publicitaire et ceux des équipes lorsque les coureurs arriveront.
Mais plus on s'avance dans la journée, plus le temps change et ce qui devait arriver, arriva : une pluie battante fait son apparition en début d'après midi et ne cessera que lorsque les coureurs cyclistes arriveront, aux alentours de 18 heures. Mon espoir de photographier les véhicules sur les Champs-Elysées s'évanouit donc, et après m'être réfugié dans un café, je ne me laisse pas abattre et m'installe finalement sous un abri-bus de l'avenue de la Grande Armée qui deviendra mon spot lors de l'arrivée de la caravane publicitaire. Et au final, cela donne des photos plutôt réussies compte tenu des conditions dans lesquelles elles ont été prises, et certaines sont même assez jolies comme celles des véhicules de la Police Nationale sur lesquelles ont voit les éclaboussures d'eau.
LE COUP DE LA PANNE
Installé à mon spot habituel, sur une petite route qui surplombe une 4 voies, j'entends soudainemet un drôle de bruit. J'ai tout de suite pensé à une voiture sans permis ou à un scooter mal en point, bien qu'ils n'ont pas le droit de circuler sur cette route à chaussées séparées limitée à 110 km/h, il n'est pas rare d'en croiser. Je vois arriver sur ma gauche un Citroën Berlingo qui fini par s'immobiliser juste devant moi, sur la bande d'arrêt d'urgence. Une dame en sort, en train d'insulter son Berlingo qui visiblement vient de la lâcher. En bon spotter, je me dis que ça sent bon l'arrivée d'un camion de dépannage, voire peut être même d'un véhicule de sécurité du gestionnaire de la voie (un conseil départemental).
Vu l'état d'énervement de la conductrice, j'évite de lui signaler ma présence, mais elle finit tout de même par s'apercevoir que je suis là. Elle me fait un signe de tête plutôt amical, et surprise : elle se met à grimper sur le talus pourtant très raide qui sépare la petite route où je suis de la 2x2 voies, et se retrouve devant moi. Elle m'explique qu'une plaque s'est détachée en dessous de son Berlingo et qu'elle appelle l'assistance. Elle ne manque pas non plus de me demander ce que je fais là, et lorsque je lui explique, elle m'intime l'ordre de photographier son camion de dépannage, ce que je ferai une heure plus tard lors de son arrivée bien sur.
CES VÉHICULES QUI ONT MAL FINIS
Une fois passé devant mon objectif, chaque véhicule poursuit bien évidemment sa longue vie de véhicule d'intervention. Une vie mouvementée, qui parfois s'arrête du jour au lendemain, brutalement. Il arrive de temps en temps que je retrouve la trace de véhicules que j'ai photographié sur internet, sur des photos de presse ou sur des sites de ventes aux enchères lorsque leur carrière est terminée.
Mais certains d'entres eux finissent mal, voire très mal... Comme ce Kangoo appartenant au service de sécurité de la Mairie de Paris (la DPSP, cette P.M. qui ne dit pas son nom), photographié en avril 2018 et retourné lors d'une manifestation de "gilets jaunes" en décembre, ou encore cet autre Kangoo de la force Sentinelle, également caillaissé puis incendié lors d'une manifestation parisienne. Cet autre Scenic de la police nationale photographié en 2014 à Reims, a quand à lui été gravement accidenté en septembre 2018 et vendu pour pièces.
Le 16 novembre 2019, à l'occasion d'une énième manifestation de gilets jaunes à Paris, deux véhicules précédemment passés devant mon objectif ont encore été partiellement détruits. Une Renault Mégane de la douane, et une seconde plus récente de la police parisienne.
Le 10 juillet 2019, un fourgon blindé de la société de convoyage de fonds Prosegur est attaqué à Lyon à l'explosif. Il s'agit d'un véhicule que j'avais photographié en 2009 à Toulouse.
DES IMMATRICULATIONS CÉLÈBRES
On y fait souvent peu attention, mais l'immatriculation d'un véhicule est unique et permet de l'identifier, surtout lorsque celui-ci se ballade un peu partout. C'est le cas de certains véhicules passés devant mon objectif, et dont l'immatriculation permet de les retrouver parfois dans des endroits inattendus.
Les plus célèbres immatriculations sont sans doute celles des véhicules présidentiels, maintes fois photographiées et filmées, et que j'évoque dans le dossier qui leur est consacré (accessible ici).
Lorsqu'un constructeur sort un nouveau modèle, certains exemplaires qui lui appartiennent servent à être prêtés pour des essais auprès de la presse spécialisée ou pour des évènements grand public. C'est le cas de ce Renault Captur (CR-261-XN), photographié sur le Tour de France 2009 et qui a servi pour des shootings presse.
Ce Kangoo du SAMU de Paris (450 RAN 75), photographié en 2010 est intervenu en première ligne lors des attentats du Bataclan.
LE JOUR OÙ J'AI PHOTOGRAPHIÉ ALEXANDRE BENALLA SANS LE SAVOIR
En 2017, je m'étais rendu sur les Champs-Elysées, à Paris, pour les traditionnelles commémorations de l'armistice du 8 mai en espérant avoir quelques nouveaux véhicules, notamment ceux du président Macron, alors fraichement élu la veille, le 7 mai. N'étant pas encore officellement investi (son investiture aura lieu le 14 mai), c'est en toute discrétion qu'Emmanuel Macron a remonté les Champs-Elysées pour se rendre sur la place de l'Etoile, dans un Renault Vel Satis blindé de l'Elysée, accompagné d'un motard de la préfecture de police de Paris, d'une moto et d'un Volkswagen Sharan du service de la protection (SDLP), et d'un Ford Galaxy, mais aussi d'un essaim de journalistes en moto.
Mais ce n'est que plusieurs années plus tard, en revisionnant ces photos, que je me suis apperçu que le deuxième véhicule suiveur du Vel Satis présidentiel, était en réalité conduit par un personnage bien connu. Il s'agit d'Alexandre Benalla, le garde du corps d'Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale, et qui deviendra célèbre l'année suivante pour les raisons que l'on connait. Celui-ci me regarde fixement, fenêtre ouverte et lunettes à la main. Une photo qui prend tout son sens aujourd'hui.
le Vel Satis d'Emmanuel Macron, le 8 mai 2017
A. Benalla dans son Ford Galaxy
l'essaim de journalistes suivant le cortège
BLOG